Actualité
26/07/2025
Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 25 juillet 2025 à Goma, le principal négociateur de l’AFC/M23 à Doha, Benjamin Mbonimpa, a livré un message clair : le mouvement rebelle ne retournera pas à la table des négociations au Qatar sans la libération préalable de ses plus de 700 prisonniers détenus par les autorités congolaises.
Un ton plus ferme à l’approche de la phase II du dialogue de Doha
« Avant de retourner à Doha, tous nos prisonniers doivent être libérés », a martelé Mbonimpa, dénonçant un blocage volontaire du processus par le gouvernement de Kinshasa. Le négociateur a accusé les autorités congolaises de multiplier des « violations du cessez-le-feu », affirmant que son mouvement rendra désormais public un bulletin régulier des violations commises sur le terrain.
Relations glaciales malgré un vernis de courtoisie
Sur la qualité des échanges à Doha, Benjamin Mbonimpa a brossé un tableau ambivalent : « Nous partageons les repas avec la délégation de Kinshasa, dans un climat apaisé, mais nous n’échangeons pas nos numéros de téléphone pour éviter toute manipulation ou interprétation malveillante. »
Il ajoute que les deux camps sont logés dans des hôtels séparés, les frais de séjour étant entièrement pris en charge par la médiation qatarie.
Pas de retrait annoncé, ambition affirmée
Interrogé sur un éventuel retrait de l’AFC/M23 des zones qu’elle contrôle dans l’Est, Mbonimpa est catégorique : “Aucune force ne nous délogera d’ici. Nous sommes chez nous. Nous partirions pour aller où ?” Pire encore pour Kinshasa, le mouvement rebelle annonce son intention de restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, y compris Kinshasa, mais avec « de nouveaux visages politiques », affirme Mbonimpa.
Kabila défendu, mais pas membre du mouvement
Sur un autre sujet brûlant le procès récemment engagé contre l’ancien président Joseph Kabila l’AFC/M23 ne cache pas sa position : « C’est un procès d’intention contre un homme qui a tout donné pour la RDC. On ne peut pas bâtir une paix durable en écartant Kabila », affirme Mbonimpa.
Néanmoins, il nie toute affiliation de Kabila au mouvement rebelle : « Sa présence à Goma ne diffère pas de celle des évêques de la CENCO ou de Bintou Keita. Ce n’est pas un membre, mais un homme à respecter. »
Une armée en gestation ?
Plus étonnant encore : le négociateur annonce que les FARDC finiront par intégrer l’ARC, la branche armée de l’AFC/M23. Une refondation complète de l’armée congolaise semble être au cœur du projet de ce mouvement qui se dit désormais acteur de la restauration de l'État.
Le Qatar, Kinshasa, l’AFC et le CICR au cœur de la suite
Mbonimpa insiste : pas de deuxième phase des pourparlers sans mise en œuvre de la première. « Le cadre doit inclure le CICR, le gouvernement, le Qatar et l’AFC/M23. Sinon, qu’irons-nous faire à Doha ? », s’interroge-t-il.
Un avertissement lancé à Kinshasa
En conclusion, l’AFC/M23 remet en cause la légitimité du gouvernement actuel pour porter une paix durable. « La restauration de l’autorité de l’État ne se fera pas avec ce régime, mais avec une autre configuration politique », a déclaré Benjamin Mbonimpa, dénonçant au passage « les campagnes mensongères et la déformation de la réalité par les officiels de Kinshasa ».
Alors que le principe de paix signé entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 visait à amorcer une sortie durable de crise dans l’Est de la RDC, les déclarations du négociateur Benjamin Mbonimpa rappellent que la méfiance demeure profonde entre les parties.
Berm's Bamba
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