Rwanda: vers une victoire écrasante du «oui» au référendum

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Referendum au Rwanda

Les Rwandais se sont rendus massivement aux urnes vendredi 18 décembre pour un référendum devant entériner une réforme de la Constitution permettant au président rwandais de se représenter en 2017 pour un nouveau septennat puis, potentiellement, de diriger le pays jusqu’en 2034. Les premières tendances lourdes, sans surprise, laissent à penser que le « oui » l’emporterait largement. Selon les résultats de 28 districts sur les 30 que compte le pays, les électeurs ont voté « oui » à 98,28%. La délégation de l’Union européenne au Rwanda a dénoncé les conditions d’organisation de ce scrutin.

« Grâce à Paul Kagame nous avons la paix », lance une électrice avant de mettre son bulletin dans l’urne. Un autre électeur affirme que le président rwandais est le seul garant des progrès économiques du pays depuis la fin du génocide. Bon nombre d’électeurs interrogés dans les longues files d’attente devant les bureaux de vote admettaient toutefois ne pas connaître avec exactitude le contenu du texte qu’ils s’apprêtaient à voter. Par exemple, combien de temps la nouvelle Constitution autorise le président en exercice à se maintenir au pouvoir.

Qu’à cela ne tienne, le mot « yego » (« oui »), résonne le plus souvent au moment du décompte. En fin de journée, le dépouillement d’un bureau de vote d’un quartier de Kigali laissait déjà entrevoir une large victoire du « oui ».

Kagame jubile

« Ce qui se passe est le choix du peuple », avait déclaré un peu plus tôt dans la journée Paul Kagame, après avoir voté dans la capitale. « Je n’ai rien réclamé », s’est-il défendu face à la presse.

Quant à la question de savoir s’il se représenterait en 2017, Paul Kagame n’a rien lâché. « Vous verrez ça le moment venu », a-t-il simplement déclaré.

Un cadre de vote trouble dénoncé par l’UE

La délégation de l’Union européenne au Rwanda dénonce les conditions d’organisation du référendum sur la modification de la Constitution. Suite à une première déclaration de la représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, le 3 décembre, la délégation a publié vendredi un communiqué qui déplore que le vote ne se soit pas fait dans un cadre transparent et inclusif, permettant à la population de se former une opinion informée.

« Nous avions plusieurs inquiétudes quant à la tenue de ce référendum, témoigne Michael Ryan est l’ambassadeur de l’Union européenne au Rwanda. La première était que le temps entre l’annonce du référendum et sa tenue était trop court : une semaine environ. L’organisation d’un référendum demande un peu plus de temps selon nous. Le deuxième problème, qui a été porté à l’attention du peuple rwandais ainsi qu’aux autorités était que le texte de la Constitution sur lequel la population devait se prononcer n’a été publié que la veille du vote ! Cela ne donne pas vraiment assez de temps pour se faire une opinion, au sujet d’un changement si important. »

Et le diplomate de poursuivre : « Nous pensons que le changement d’une Constitution est une procédure extrêmement importante. Et pour nous, l’article 23 de la Charte africaine de la démocratie est une excellente référence. Il rappelle que les changements de Constitutions devraient en général être évités. Et nous pensons que les pays qui respectent la limitation des mandats et acceptent l’alternance deviennent plus forts, et plus crédibles. »

Un article de RFI

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