RDC, Elections dans les délais : Paris sort de ses gonds

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Souvent réservée lorsqu’il s’agit de parler de la République démocratique du Congo, le président français, François Hollande, s’est servi du passage en France de son homologue zambien, Edgar Lungu, pour porter haut la voix de la France. A l’issue d’un entretien au Palais de l’Elysée à Paris, les deux présidents ont affiché une même position hostile à toute tentative de report des élections en RDC.

Les deux chefs d’Etat ont « indiqué leur attachement au respect de la Constitution et à l’organisation des élections nationales dans les délais légaux », indique un communiqué de l’Elysée relayé largement par la presse française. Evitant toute équivoque, l’Elysée a tenu à préciser que « la position française n’est pas anti-Kabila, elle est pro-Constitution ».

On voyait très mal la France garder son silence sur la situation d’incertitude électorale qui plane en RDC. Le calendrier électoral global publié le 12 février 20l5 par la Céni, ayant volé en éclats, la centrale électorale peine à rendre public un nouveau calendrier électoral réaménagé et réaliste. Ce qui laisse planer le doute sur la tenue effective des élections en 2016, dans les limites fixées par la Constitution.

Pour des observateurs avisés, il se révèle de plus en plus qu’il existe une identité de vue au sein de la communauté internationale relativement au processus électoral en ROC. Lors du dernier sommet de l’union africaine à Addis-Abeba, le secrétaire général des Nations unies a abondé dans le même sens que Paris devant les chefs d’Etat et de gouvernements africains. Ce message de Ban Ki-moon a été répercuté le weekend passé par son envoyé spécial en RDC au cours d’un point de presse Kinshasa. De mieux en mieux, l’envoyé spécial du président américain Barack Obama dans les Grands Lacs, Tom Periello, est revenu sur la tenue d’élections et le respect des délais constitutionnels en RDC dans une interview accordée à Jeune Afrique au début du mois de février.

A tout prendre, l’intrusion de la Zambie dans le dossier de la RDC devrait éveiller l’attention de ceux qui ne font que dormir sur leurs lauriers. Longtemps à l’écart de la question congolaise, la Zambie doit avoir des raisons de s’intéresser enfin à la situation de son voisin du Nord.

Par ailleurs, ce n‘est pas anodin que la France soit sortie de ses gonds pour se prononcer sur la crédibilité du processus électoral en RDC.

Ci-dessous, le reportage rendu par Paris Match après la rencontre entre François Hollande et Edgar Lungu. LP

 

Première visite officielle depuis 1983 : Le Président zambien reçu à l’Elysée

Ça n’était pas arrivé depuis 33 ans! Mars 1983, le président de la Zambie Kenneth Kaunda se rend à Paris à l’invitation de Français Mitterrand. La Zambie sert alors de base arrière pour les rebelles katangais repoussés cinq ans plus tôt par les légionnaires à Kolwezi. Parmi les 600 paras, se trouvaient le lieutenant Benoît Puga aujourd’hui général et chef d’Etat-major particulier du-président Hollande.

Autre époque, autres enjeux. Aujourd’hui, les armées de deux pays se déploient cote à cote en République centrafricaine, où un contingent de l’armée zambienne apporte une aide à la Minusca. «Une aide utile», d’après la cellule Afrique de l’Elysée. Autre action saluée par la cellule Afrique de la Président, les missions de la brigade d’intervention zambienne de l’Union africaine en RDC. Les troupes zambiennes ont notamment combattu les groupes armés du Nord Kivu coupables de centaines de viols et d’exactions contre les populations civiles.

 

LA ZAMBIE, UN FUTUR PARTENAIRE ECONOMIQUE

Cette première visite du président Edgar Lungu lundi 8 février 2016 à l’Elysée est l’occasion de nouer des partenariats partant quasiment de zéro. Avec une croissance annuelle de 7%, la Zambie a une économie proche de celle de la Cote d’Ivoire, locomotive de l’Afrique francophone. L’an dernier, le Medef y organisait sa première mission. Au même moment, la ministre Ségolène Royal y effectuait une visite elle aussi historique dans le cadre de la préparation de la Cop2l. Très active pendant la Conférence de Paris, la Zambie subit de plein fouet les conséquences de la déforestation.

Conséquence : des coupures d’électricité. Le Président Edgar Lungu mène deux projets d’envergure: la construction de deux fermes solaires de 50 Mégawatts chacune et la rénovation du barrage Kariba, le plus grand du pays. Des sociétés françaises sont dans les Starting-block.

 

SOUTIEN AFFICHÉ À L’OPPOSITION EN RDC

«Les deux présidents ont aussi évoqué la situation de plusieurs pays africains», indique le communiqué de l’Elysée. Centrafrique; Burundi et… République démocratique du Congo, voisin immédiat de la Zambie. Bien que sa constitution ne lui permette pas de briguer un troisième mandat, le président de la RDC Joseph Kabila tente par tous les moyens de se maintenir au pouvoir. L’opposition l’accuse de tenter d’établir un «dialogue national» dans le seul but de gagner du temps pour prolonger son mandat.

A l’issue de cette rencontre lundi 8 février, les présidents français et zambiens affichent une même position hostile à toute tentative de report des élections. Les deux chefs d’Etat ont «indiqué leur attachement au respect de la constitution et à l’organisation d’élections nationales dans les délais légaux». «La position française n’est pas anti-Kabila, précise-t-on à l’Elysée, elle est pro-constitution». Le débat politique en RDC tourne au bras de fer entre deux personnalités : d’un coté le président Kabila dont l’autorité est contestée et de l’autre Moïse Katumbi. Ancien gouverneur du Katanga, riche entrepreneur, cet opposant est aussi le patron de l’équipe de football championne d’Afrique le TP Mazembe. Les élections en RDC devraient avoir lieu le 27 novembre 2016, sauf surprise.

Paris MATCH

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