RDC : Des gouverneurs défient-ils la plainte de Kabila ?

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La plainte de Joseph Kabila déposée le 23 juin au Parquet général de la République, par le truchement de Luzolo Bambi, continue de susciter des vives réactions. Les ONG des droits de l’homme s’interrogent sur les vraies motivations des personnalités récriminées, notamment à cause du caractère sélectif de cette plainte.

Après les révélations de certaines personnalités politiques incriminées faites par l’AFP au lendemain de la plainte déposée par le conseiller spécial du président de la République en charge de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, blanchiment des capitaux et terrorisme, les réactions ne tarissent pas.
Selon les associations de défense des droits de l’homme – qui ont fait une déclaration le samedi 27 juin pour critiquer cette démarche – le moment choisi, à quelques mois de la présidentielle de novembre 2016, rend cette action « suspecte ».
De leur avis, le Parquet général de la République s’était montré « inerte » dans plusieurs dossiers de corruption, de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux qui lui avaient été soumis les années précédentes. D’ailleurs, Luzolo Bambi a indiqué, après le dépôt de la plainte, que les magistrats seront tenus à une « obligation de célérité ». Une déclaration qui fait pousser très loin les réflexions des organisations de défense des droits de l’homme, notamment l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ). Pourtant, nombre d’observateurs pensent que depuis lors certains dossiers de la justice en République démocratique du Congo se caractérisent par une lenteur parfois injustifiée. Le risque, dans ce nouveau feuilleton, serait d’assister à des procès spectaculaires qui, en réalité, viseraient des opposants, des concurrents ou autres adversaires politiques, parmi lesquels le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi.

Des présumés détourneurs non poursuivis

Bien qu’il n’y ait que quelques noms qui ont fuité dans la presse, ces organisations veulent voir d’autres présumés détourneurs de deniers publics être aussi poursuivis. Pour plus d’équité, Oscar Rachidi, de la Ligue contre la corruption et la fraude, demande au procureur général de la République de s’intéresser également au cas de détournement des fonds de la Société nationale d’électricité (SNEL) dont le montant est de 30 millions de dollars. Ces organisations se sont référées aussi à la fraude douanière au Bas-Congo, au Katanga et au Nord-Kivu, y compris le secteur minier, pétrolier et foncier.

Les gouverneurs défient-ils la plainte?

Pendant qu’à Kinshasa l’heure est aux interrogations sur les vraies motivations de la plainte, à Mbuji-Mayi chef-lieu de l’ancienne province du Kasaï oriental – des messages appelant la population de Mbuji-Mayi d’aller accueillir triomphalement le gouv’ Ngoy Kasanji qui revenait de Kinshasa à sa descente d’avion. Selon certains observateurs, c’est une façon pour le gouverneur de montrer sa popularité mais aussi de défier la plainte de Joseph Kabila contre lui et certains gouverneurs. Dans le Katanga, Moïse Katumbi ne s’est pas fait prier deux fois pour réagir: « J’attends que je puisse être saisi. Et là, je prendrai mes responsabilités », a-t-il taclé le 25 juin à Lubumbashi. Avant d’enchaîner : «.De toutes les façons, je n’ai rien à cacher, c’est pour cela que je n’ai pas postulé en tant que député. Il y a eu plusieurs commissions. S’il a eu fraude douanière au Katanga, on sait qui sont à la base de cette fraude douanière. Ma conscience est tranquille ».

Pour Julien Paluku, gouverneur de la province du Nord- Kivu qui, jusque-là n’est pas cité dans la plainte, la révélation des noms de certaines personnalités politiques ne relève que d’une rumeur. En tant qu’homme d’Etat et homme politique, il ne faut pas se fier à des rumeurs. Le chef de l’Etat a été clair là-dessus, les hommes d’Etat, les hommes politiques ne se fient jamais aux rumeurs », a-t-il déclaré le 25 juin, après avoir rencontré le président de la République pour lui faire le rapport des consultations politiques dans le cadre du dialogue. Il a par ailleurs estimé « inopportun » de faire des commentaires sur des rumeurs.

Par Congo Nouveau