Gabon: la réélection d’Ali Bongo Ondimba validée par la Cour constitutionnelle

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Ping vs bongo

La Cour constitutionnelle gabonaise a validé dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 la réélection du président Ali Bongo Ondimba. La plus haute instance du pays a rejeté l’essentiel du recours de Jean Ping. Ce samedi 24 septembre au matin, la capitale gabonaise est quadrillée par un imposant dispositif policier.
Après un très long exposé des motifs, vendredi soir, la Cour constitutionnelle a annoncé qu’elle rejetait la requête de Jean Ping sur le fond.
Tout en modifiant partiellement les résultats du scrutin du 27 août, la Cour constitutionnelle a indiqué qu’Ali Bongo gardait une avance sur son rival. Lors de l’audience, elle a affirmé que le président sortant avait obtenu 50,66% des suffrages contre 47,24% à Jean Ping. Un score en baisse par rapport aux résultats provisoires puisque l’opposant avait obtenu 48,23% des voix. Il y avait un peu moins de 6 000 voix d’écart. Désormais, au regard de ces résultats définitifs, 11 700 voix séparent les deux hommes.
Le rival du président sortant demandait le recompte des voix pour la province du Haut Ogooué, fief d’Ali Bongo où ce dernier avait obtenu 95% des voix pour 99% de participation.
Ali Bongo appelle à un « dialogue politique »
A l’annonce de cette décision, Ali Bongo Ondimba a rapidement réagi. « J’appelle tous les responsables politiques, y compris les candidats malheureux à l’élection du 27 août, à un dialogue politique », a-t-il déclaré dans une allocution retransmise à la télévision.
Maintenant, tous les regards vont se tourner vers l’opposition, et surtout vers les jeunes militants de l’opposition. Le 31 août, à l’annonce des résultats provisoires, des émeutes d’une violence inédite avaient éclaté dans la capitale, mais aussi en province. Les images de l’Assemblée nationale en feu avaient circulé sur les réseaux sociaux. Et vendredi, dans l’attente du verdict de la Cour, les rues de Libreville sont restées vides, les habitants redoutant de nouvelles violences.
Nuit calme à Libreville
La nuit a, par ailleurs, été calme. Sur le front de mer, à l’ancienne gare routière, au Carrefour Rio, jusqu’au PK8, les rues et les avenues étaient désertées. Quasiment aucune voiture, de rares taxis, mais en revanche de nombreux barrages de police et de gendarmerie.
Impossible de savoir ce qui peut se passer dans les heures qui viennent. La répression lors des émeutes du 31 août a été dure, un millier de personnes ont été arrêtées, même si la plupart ont été relâchées depuis.
L’attaque du QG de Jean Ping a aussi affecté les militants. Beaucoup ont peur pour leur sécurité. Reste que de nombreux jeunes se disent déterminés. La victoire de Jean Ping pour eux, ne fait aucun doute. Alors dans ces conditions, on ne sait pas quel sentiment va l’emporter : celui de la prudence ou celui de la révolte.
Mercredi dernier, Alain-Claude Bilie Bi Nzé, le porte-parole du gouvernement, avait adressé une sérieuse mise en garde à l’opposition. « Si Jean Ping franchit la ligne rouge et qu’il y a des violences, il en répondra personnellement », a-t-il averti. Les ministres de l’Intérieur et de la Défense ont rappelé que les forces de sécurité avaient pour mission de protéger les insititutions.
« On n’envoie aucun message, ni pour faire ni pour ne pas faire »
« Peiné » pour le pays, mais pas « surpris ». Voilà le sentiment de Jean Gaspard Ntoutoume Ayi. « Comme on dit chez nous, la tour de Pise a encore penché du même côté, comme toujours, a réagi, le chargé de la communication de Jean Ping. Mais on n’oubliera jamais que les Gabonais sont allés voter le 27 août, on n’oubliera jamais comment les Gabonais ont voté le 27 août ».
Sur ce point, le porte-parole de Jean Ping est clair : « Il n’y a pas de message qu’on envoie ce soir aux militants de l’opposition, il y a un sentiment de dégoût par rapport à ce qui s’est produit, qu’on exprime, c’est tout, insiste-t-il. On n’envoie aucun message, ni pour faire ni pour ne pas faire. La violence au Gabon est une violence d’Etat qui s’exerce sur les Gabonais, ce n’est pas la violence de M. Ping. »
Il s’agit du deuxième mandat pour Ali Bongo Ondimba, 57 ans, élu en 2009 à la mort de son père, Omar Bongo, lors d’une élection déjà controversée.

Un article de RFI

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