France : Lassana Bathily, héros de l’Hyper Cacher, va être naturalisé

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Lassana Bathily

Lassana BathiIy va devenir français dès mardi. François Hollande, qui s’est entretenu par téléphone quelques jours auparavant avec cet employé de la supérette de la porte de Vincennes, théâtre d’une prise d’otages vendredi 9 janvier, l’avait promis. Une cérémonie officielle de naturalisation aura lieu mardi, a annoncé ce jeudi 15 janvier le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Lassana Bathily raconte cette journée du 9 janvier.

Il est 13h ce vendredi 9 janvier. Amédy Coulibaly, auteur d’une fusillade qui a coûté la vie à une policière municipale la veille à Montrouge, pénètre dans l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. C’est une prise d’otages. En quelques heures, la vie de Lassana Bathily, un Malien de 24 ans de confession musulmane, bascule.

Le visage et le récit de ce jeune sans histoire sont aujourd’hui connus de tous. Employé depuis quatre ans dans la supérette casher, il a sauvé plusieurs clients en les cachant dans une chambre froide, alors qu’Amédy Coulibaly, armé jusqu’aux dents, semait la terreur.

 

Lassana Bathily raconte la journée du 9 janvier15/01/2015 – par Sylvie Koffi

RFI : Pouvez-vous nous raconter cette journée ?

Lassana Bathily : J’étais descendu à la réserve. Au bout de 5 minutes, j’ai entendu des coups de feu et du bruit. Je ne savais pas ce qui se passait, mais à cet instant tout le monde s’est précipité pour me rejoindre au sous-sol en criant : « Ils sont là ! »

A ce moment-là, que décidez-vous ?

Je rangeais les produits surgelés. J’ai alors proposé qu’on se cache dans le congélateur. Je l’ai débranché, j’ai éteint la lumière puis refermé la porte. Quelques minutes plus tard, le preneur d’otages Amédy Coulibaly s’est rendu compte qu’il y avait du monde au sous-sol. Il a donc envoyé l’une de mes collègues pour exiger la clé du magasin. Elle est revenue une deuxième fois et nous a dit que si on ne remontait pas à l’étage, Amédy Coulibaly allait nous tuer. Tour le monde criait, était paniqué. Là, je leur ai proposé d’utiliser le monte-charge, mais ils ont eu peur.

Vous avez pris le risque de partir seul ?

Oui, en effet. Mes collègues m’ont confirmé que j’avais eu beaucoup de chance. Car dès qu’Amédy Coulibaly a entendu le monte-charge très bruyant, il s’est précipité pour voir ce qui se passait.

A votre sortie, la police vous arrête et vous met les menottes…

La police m’a demandé de placer les mains sur la tête. Et je me suis mis à ramper comme un serpent. La police m’a interrogé, mettant en doute le fait que je puisse travailler chez des juifs. C’est là que j’ai pris conscience du danger.

 

Réactions à Bamako16/01/2015 – par Serge Daniel

Est-ce que vous comprenez pourquoi les policiers ont eu du mal à vous croire ?

Non, pas immédiatement.

Ils pensaient que vous étiez un complice d’Amédy Coulibaly ?

C’est par la suite que j’ai appris que le preneur d’otages était noir. Là, j’ai compris la réaction des policiers. Aujourd’hui, je suis fier d’avoir protégé mes collègues et les clients. Pour moi, c’est tout à fait normal. Je n’ai pas fait ça dans l’idée d’être un héros.

Le chef de l’Etat François Hollande vous a appelé. Que vous a-t-il dit ?

Il m’a félicité. Nous avons discuté pendant trente minutes, et à ce moment-là, il m’a promis d’avoir la naturalisation. Pour moi, c’est important d’être Français, car mon avenir est dans ce pays.

Aujourd’hui, Lassana Bathily est encore sous le choc. Il est fier d’avoir protégé ses collèges et les clients. Il a des projets, mais il souhaite avant tout se rendre au Mali pour retrouver sa famille et la rassurer.


 ■ « Mon rêve s’est réalisé »

Une pétition en faveur de la naturalisation de Lassana Bathily et adressée à François Hollande a recueilli plus de 270 000 signatures. Il vit en France depuis 2006. Cinq ans après, il obtient sa carte de séjour. La cérémonie de naturalisation aura lieu mardi 20 janvier au ministère de l’Intérieur.

Source : RFI

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