Avant le mini sommet de Luanda : la RDC sous fortes pressions !

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KANYAMA ET KABILA

La RDC se retrouve, une fois de plus, à la croisée des chemins. Dans les jours qui viennent, quatre ou cinq dates sont à retenir avec la plus grande  attention. Le 26 octobre, le 9 novembre, le 19 novembre, le 20 novembre et le 19 décembre 2016. Ce mercredi 26 novembre, à Luanda, les Chefs d’Etat africains de la Sous-région des Grands Lacs et de la SADC vont se pencher sur la crise politico-électorale en RDC. Ils auront le choix entre l’Accord conclu, le 10 octobre dernier, à la Cité de l’Union Africaine, à Kinshasa, par les participants au Dialogue convoqué par le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, et l’appel à la tenue d’un nouveau round de discussions inter-congolaises pour un large consensus, tel que  lancé par le Rassemblement d’Etienne Tshisekedi, la CENCO, le Représentant de Ban Ki-moon en RDC, Didier Reynders ou Jean-Marc Ayrault…

Lorsque l’on analyse les propos de la délégation conjointe SADC –CIRGL, qui a séjourné en début du mois d’octobre, il n’y a pas beaucoup d’illusions à se faire, les Chefs d’Etat africains s’engageront à appuyer l’Accord de la Cité de l’Union Africaine qui reporte les élections en avril 2018, tout en instituant une transition à deux têtes avec Kabila comme Président et un Premier Ministre issu de l’Opposition coopérative.

Le Facilitateur du Dialogue, Edem Kodjo, dépêché en RDC par l’Union Africaine, a juré sur la cuisse de sa grand-mère, au cours d’une émission sur la chaîne nationale, qu’il n’y aurait plus de Dialogue politique sur le processus électoral rd-congolais. Sauf coup de théâtre, beaucoup d’analystes politiques ne voient pas les Chefs d’Etat africains s’engager à prendre en compte les dispositions reprises dans la déclaration du Conclave du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au Changement, tenu le 4 octobre 2016,   à Limete, eux-mêmes confrontés à des problèmes de gouvernance dans leurs pays respectifs. Pourtant, les membres du Rassemblement veulent y croire. Le 19 octobre, Etienne Tshisekedi, le Président du Comité des sages du Rassemblement, a demandé aux Chefs d’Etat africains, qui se réuniront à Luanda, de tenir compte de la volonté du peuple exprimée,  lors  des manifestations pro-démocratie réprimées les 19 et 20 septembre 2016, ayant fait des dizaines de morts à Kinshasa. Le 19 octobre, au lendemain de l’adoption de l’Accord par les participants au Dialogue, le Rassemblement a appelé la population congolaise à observer une journée ville morte, largement suivie, en signe de protestation au glissement de calendrier.

Dans la foulée, le G7, l’un des membres les plus actifs du Rassemblement, avait publié un communiqué pour exiger l’ouverture rapide d’un vrai Dialogue. La Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) est sortie de ses  réserves,  le 20 octobre pour proposer un cadre de discussions entre les participants au Dialogue et les membres du Rassemblement portant sur les divergences profondes contenues dans leurs différents cahiers des  charges, feuilles de route   ou résolutions. Les dialoguistes, de leur côté, projettent d’investir le Gouvernement de transition,  dès le 9 novembre 2016. En réponse, le Rassemblement, si l’on en croit l’un des  ses ténors du nom de Joseph Olenghankoy, organisera encore,  une fois de plus,  une nouvelle  activité,  le 19 novembre pour boycotter le futur Gouvernement de transition. Le jour suivant, le 20 novembre, les Evêques ont annoncé une prière pour la paix dans toutes les paroisses catholiques du pays. Ce sera, probablement, le dernier rendez-vous avant la date fatidique du 19 décembre considérée comme la fin théorique du second et ultime  mandat présidentiel. On réalise, toutefois, que le sort du pays est entre les mains du Président de la République.

Choix cornélien

De deux choses,  l’une. Soit, il fonce avec les participants au Dialogue et, au quel cas, il se met à dos le Rassemblement, quitte à brimer ses cadres qui sont presque tous sous des procédures judiciaires à la suite des manifestations du 19 et 20 septembre dernier ; soit, il joue au rassembleur et adhère à la logique d’un large consensus. La deuxième acception, visiblement, n’intéresse pas les caciques de la Majorité Présidentielle qui aurait beaucoup à perdre en accédant aux revendications du Rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au Changement. Toute décision à prendre par le Chef de l’Etat ne sera pas sans conséquence. Dans le premier cas de figure, il devra surmonter ou subir les sanctions des occidentaux,  apparemment,  déterminés à agir et, au même moment, réduire la contestation grandissante à l’interne. D’où, la crainte d’un bain de sang. La délégation de la Cour Pénale Internationale (CPI), qui venait de finir une mission de travail à Kinshasa sur les violences de septembre, a mis en garde le Gouvernement et le Rassemblement, pour prévenir le pire.  Peut-être que les uns et les autres sauront s’élever et faire preuve de bon sens. Quelles que soient les schémas à explorer, nombreux sont ceux qui pensent que l’organisation des élections dans les meilleurs délais reste la seule voie qui puisse régler durablement la crise protéiforme en RDC.

La Pros.

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