Afrique du Sud: Après les attaques xénophobes, le gouvernement se lance dans la chasse aux immigrés

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Un contrôle de police à Johannesburg, lundi, où l’armée a été déployée. (Photo Mujahid Safodien. AFP)

Par Erick Bukula

(Johannesburg)- En Afrique du Sud depuis maintenant plus de deux semaines, la police et l’armée, accompagnées des agents de services d’immigration, conduisent régulièrement des raids dans la métropole de Johannesburg, mais aussi dans le reste du pays. Ces ratissages prennent place moins d’un mois après que le pays ait été secoué par des violentes attaques contre les ressortissants étrangers. Des attaques qui, selon les autorités, ont fait 7 morts et plusieurs déplacés, en grande partie des congolais de la RDC.

Surnommée opération Fiyela (balayer en langue sésotho), cette opération lancée en fin avril vise, officiellement, à mettre la main sur des armes illégales et démanteler des réseaux de prostitution et de trafic de drogue dans sept des neuf provinces que compte le pays.

Mais ceci n’explique pas la présence des agents de l’immigration dans le déroulement de l’opération. Aussi, le fait que la quasi-totalité de ceux arrêtés sont des immigrés mène à penser que l’opération vise plutôt à arrêter et déporter les ressortissants étrangers. En effet, selon les estimations de l’ONGDH Lawyer For Human Rights, plus de 1000 personnes ont été arrêtées depuis le début de l’opération. De ce nombre, 745 sont des ressortissants étrangers, certains parmi eux ont depuis été transférés au centre de déportation de Lindela. Et jeudi 14 mai dernier, soixante ressortissants du Malawi ont été déportés.

En dépit de tout cela, les autorités insistent que les raids ne ciblent pas les ressortissants étrangers. « C’est juste une coïncidence que ces immigrés sans papier ont été arrêtés au cours de l’opération » a expliqué le porte-parole de la police de Durban. Mais comment les autorités expliqueraient-t-elles que le 08 mai, à 03h du matin, une église méthodiste du centre-ville de Johannesburg, qui depuis les attaques xénophobes de 2008 abritait des refugies sans domicile, a été ciblée par l’opération Fiyela. Plus de 500 immigrés, y comprit des femmes et des enfants, ont été expulsées ou détenus sans que la chance ne leur soit donnée de ne fut ce que se changer les vêtements.

Plusieurs autres Ongdh voient en cela un acharnement des autorités sur les ressortissants étrangers. L’Ong Right2Know a accusé le gouvernement de s’être lancé dans la traque aux immigrés, et pas seulement les sans-papiers. L’Organisation Right2Know va même plus loin en soutenant que le fait qu’une telle opération a été surnommée Fiyela, qui signifie balayer en sésotho (une langue locale), prouve que le gouvernement compare les immigrés à des ordures qu’il faut balayer.

Le processus de déportation des immigrés détenus a été suspendu pour deux semaines par ordre de la cour, question de permettre aux avocats de droits de l’homme de s’entretenir avec les concernés.

Un article de Voice Of Congo

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